art moderne arabe et décolonisation
une histoire de l’art moderne arabe et moyen-oriental
cette page repose sur : Présences arabes, Art moderne et Décolonisation, Paris 1908-1988" au MAMVP en 2024
Cette grande exposition a fait date, sur le sujet complexe des relations entre l’art moderne occidental et les artistes arabes et moyen-orientaux ; son catalogue est une mine pour les historiens, chercheurs et amateurs de l’art moderne en France et en Afrique du Nord ; mais "liberté"serait plus adéquat que "décolonisation" et le terme "arabe" trop réducteur géographiquement.
Cette histoire de l’art s’articule en 4 volets :
> 1908-1937 : la renaissance arabe sous influence occidentale
> 1937-1956 : les avant-gardes arabes s’émancipent
> 1956-1967 : sous le feu de la liberté
> 1967-1988 : la cause Palestinienne et celle de mai 68
> accueil d’Almanart 
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Jean-Michel Atlan, La Kahena 1958
(courtoisie Centre Pompidou) ... clic=zoom
illustration : le peintre Jean-Michel Atlan (1913 Constantine-1960 Paris) a étudié la philosophie à la Sorbonne en 1930 ; son style est reconnaissable : cette huile traitée comme une oeuvre abstraite, en fait représente La Kahena (vrai nom Dihya Tadmut), une reine berbère des Aurès qui a combattu les Omeyyades au 7ème siècle
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focus : histoire de l’art, artistes et peintres arabes et moyen-orientaux en art moderne et la décolonisation ; histoire de l’art et politique
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> achat-ventes de particulier à particulier
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L’histoire est celle de la libération de l’art arabe et moyen-oriental, en compagnie des artistes engagés de Paris ;
elle témoigne d’une triple rencontre : Histoire, histoire de l’art et politique, alors que Paris fut le point de convergence de l’art occidental et oriental ; la chronologie évolue lentement vers l’éblouissement des années 70-80, libérées
< peintre, sculptrice et aussi styliste, la libanaise Huguette Caland (1931-2019 Beyrouth) a vécu à Paris dès 1970, puis à Los Angeles et Venise ; elle est connue notamment pour ses "paysages corporels" doucement érotiques, presque abstraits, qui bénéficient d’une cote élevée ; une expression libérée des styles vernaculaires arabes
Huguette Caland Espace blanc 1984 huile 200x200 Coll Pierre Caland
(Collection Pierre Caland, courtoisie)
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Ces artistes ont été longtemps peu connus :
leur reconnaissance de ces peintres émigrés n’a pas été celle des artistes d’entre deux guerres -Picasso, Chagall, Giacometti...- : ils ont été occultés en raison des tensions politiques ; les soutenir à l’époque comme les réhabiliter aujourd’hui aura été un apport important du MAMVP
> Mohamed Ataallah -ou Romain Atala- (1939 Maroc-2014 Caen) a été intéressé par le modernisme occidental constructiviste et conceptuel ; il a aussi enseigné à Caen
Mohamed Ataallah
Tanger Bleu et Blanc 1969
(courtoisie estate Ataallah)
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Entre les deux guerres en Europe, l’art plastique est animé par une compétition rude entre l’abstraction, la figuration engagée et le surréalisme ; une créativité qui a maintenu Paris au centre du monde occidental artistique ;
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alors rien d’étonnant à ce que les artistes "arabes" passés par ces ateliers parisiens produisent des oeuvres qui en sont aussi imprégnées ; cependant plusieurs conservent une singularité exogène, ce qui les distingue, alors que d’autres s’en éloignent comme Chaïbia Tallal
< Chaïbia Tallal (1929 Maroc-2004 Maroc), autodidacte ; elle a exposé notamment à Paris ; son style art naïf assez répétitif et identifiable lui vaut une reconnaissance mondiale
Chaïbia Tallal
Mon Village Chtouka 1990
(courtoisie MAMVP) ... clic=zoom
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En dehors de considération politique, l’avant-garde artistique parisienne a été un facteur fort d’attractivité pour tous ces pays :
outre l’abstraction et la figuration narrative, le surréalisme aussi a inspiré les peintres arabes, sans qu’ils renient leur désir d’autonomie et leur particularisme : ils ont apporté ces mouvements dans leur culture, enrichissant le propos ; plusieurs d’entre-eux sont restés à Paris pour faire carrière et ont contribué à l’histoire de l’art
> le surréalisme s’invite avec le poète irakien Abdul Kader el-Janabi (1944 Bagdad), co-fondateur de la revue Désir libertaire ; exemple ce délirant passeport : à Paris il a invité ses amis artistes et poètes surréalistes à enregistrer leurs visites dans ces pages qui deviennent une sorte de "cadavre exquis" : ici, l’intervention de Pierre Pevel, écrivain, vers 1985
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Abdul Kader el-Janabi,
passeport "cadavre exquis"
(courtoisie Centre Pompidou) ... clic=zoom
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En 1962 un groupe d’artistes marocains révolutionnent leur Ecole des Beaux-Arts dans l’avant-garde moderne, action connue sous l’appellation "école de Casablanca" ;
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un rapprochement avec "l’école de Paris" se concrétise par l’exposition "Peintres de l’école de Paris, peintres marocains" au sein de l’Ecole de Casablanca ;
(attention : voir le sens particulier de "école")
< catalogue des "Peintres de l’école de Paris, Peintres marocains", expostion en 1962 à l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca (archives Maurice Arama)
(courtoisie MAMVP)
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En France, 1968 a vu le summum de l’engagement politique des artistes plasticiens,
notamment la figuration narrative parisienne a eu une incidence particulière à l’étranger proche : comme par exemple le rôle politique du peintre Claude Lazar à l’époque où, avec Gérard Fromanger -dont il hérite du style- leurs contestations prenaient forme
> Claude Lazar (1947), français né là Alexandrie, a été un artiste militant à l’époque, proche de la figuration narrative ; sa peinture a plus tard évolué vers de paisibles scènes urbaines étonnamment dépourvues de personnages.
Claude Lazar
Confrontation 1974 huile 130x195
(courtoisie MAMVP) ... clic=zoom
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La Guerre des Six jours (Israël -Egypte juin 1967), la révolte de mai 1968, les guerres du Liban et Iran-Irak (années 80)
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marquent toute une génération d’artistes et intellectuels arabes et moyen-orientaux : "l’Art est en lutte", différents collectifs de peintres se forment et se développe la prépondérance d’un art plastique engagé
< Goulder Triki (1949 Tunisie) a étudié à l’École des Beaux-Arts de Tunis puis à la Cité Internationale des Arts de Paris ; il a travaillé entre Tunis et Paris et y a exposé dans plusieurs institutions ; il est très inspirés par les contes et récits berbères populaires ;
ici cet arbre de vie, symbole commun aux mondes arabe et juif, est de couleur de sang ; il s’élève comme une menace au-dessus de la ville
Goulder Triki
O Jérusalem 1974 acry sur gravure 64×49
(courtoisie MAMVP)
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voyez aussi :